Suivant la publication de mon récent blogue – Que doit faire une Franglaise maintenant? – j’ai reçu les commentaires de deux lectrices estimant que mes propos attisaient la division des camps linguistiques. Or permettez-moi de préciser qu’il en est tout autre et même l’inverse. D’une part puisque le « discours de peur » s’éloigne largement de mes allégeances communicationnelles, politiques ou autres. Aussi puisque, éprise tant de ma langue maternelle que de celle qui m’a adoptée, mon discours va justement à l’encontre de la division en prônant l’ouverture.
Mon propos reflète d’abord une réalité qui est mienne, celle d’une personne possédant deux cultures bien ancrées dans son ADN. Réalité que je partage avec plusieurs dans mon entourage en plus d’en témoigner amplement dans mes explorations culturelles hors des frontières québécoises.
En somme, mon inquiétude réside essentiellement dans la notion de « primauté du français » que souhaite renforcer le nouveau gouvernement du Québec en remaniant entre autre la Charte de la langue française (Loi 101). Si cette primauté est imposée par force de loi, elle me semble largement exagérée – même désuète pour les nouvelles générations ayant grandit dans la multiculturalité1 – en plus de porter atteinte à ma liberté fondamentale de choisir. À mon sens, une telle imposition de culture s’apparente étrangement à l’imposition de la burqa, par exemple, une loi à laquelle je m’oppose tout autant.
Ma quête en est une de liberté de choix et d’expression et ce, dans toute sphère de vie. Ceci tel que prescrit à l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme : “Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.”
Mon propos n’est donc pas tenu pour diviser mais bien au contraire, pour démontrer qu’il y a justement un ralliement possible vers une culture plus ouverte. Un culture qui, que certains le veuillent ou non, se métisse au fil des âges et crée une nouvelle identité en soi. Si je crois l’identité culturelle importante pour l’héritage qu’elle confère, je suis d’avis qu’il faille aussi accepter la différence si l’on souhaite mettre fin aux conflits et aux affrontements vains. Plus encore, je pousserais la donne vers le métissage des cultures. Car ainsi se dessine presqu’inévitablement notre monde de plus en plus communiquant. À ce titre, je recommande l’excellent ouvrage de Jacques Audinet : Le temps du métissage, aussi disponible en anglais sous le titre The Human Face of Globalization.
Friande de cultures, certes. Dédiée à la paix, tout à fait.
1 À ce titre, la chronique de Patrick Lagacé dans La Presse du 25 septembre 2012 offre une belle perspective : http://bit.ly/RUs7z2